Article ci-dessus paru dans le Berry Républicain le 15 juin 2010

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Bonjour,

Je me présente: Matthieu (Matéo) Massé, entraîneur d’athlétisme en France.

Aujourd’hui en mission en Equateur pour développer ce sport dans la Communauté de Chimborazo et également organiser la version 2011 de la Carrera del Chimborazo (14-08-2011).

Avant de commencer réellement à travailler avec la communauté, je dois m’acclimater un peu à Riobamba (2800m) avant de monter à la Communauté de Chimborazo (3400m).

Lundi 6 Septembre, une réunion à lieu au Collège à 16h00, pour que les personnes qui souhaitent faire de l’athlétisme viennent s’inscrire.

Ensuite une fois le nombre connu et la répartition en fonction des âges et/ou des spécialités, je vais pouvoir proposer les créneaux d’entraînement pendant la semaine.

Si possible nous essayerons d’aller de temps en temps à Riobamba dans le stade afin de faire quelques entraînements sur la piste.

Hasta luego

Matéo

Voici après 3 mois de vie dans la Communauté de Chimborazo les nouvelles de ma mission.

Il n’est pas évident d’en décrire les avancées, tant celles-ci sont minces voire insignifiantes.

Le travail nécessaire dans cette Communauté, pour voir naître une Ecole d’Athlétisme, est important. Tellement important que ma seule intervention ne suffira pas à l’éclosion de celle-ci.

Il faut savoir que dans cette Communauté Chimborazo, mais cela se retrouve aussi dans les communautés alentours, la priorité n’est vraiment pas aux loisirs. Lorsque j’énumère la liste des choses qui passent avant ces loisirs :

Je nomme en premier : le travail, que se soit pour les adultes ou pour les jeunes.

Les adultes ont à s’occuper des animaux et des champs, cette tâche revient la plupart du temps aux femmes et aux vieillards. Les hommes eux sont en général au travail à la ville. Ici, le machisme est loin d’être révolu (chez nous non plus d’ailleurs…), et les femmes en plus du travail aux champs doivent également s’occuper de la famille (préparer les repas, nettoyer le linge, s’occuper de la maison). Sans parler que les femmes ont comme passe temps le filage de la laine récupérée sur les animaux

Les jeunes, eux, sont le matin à l’école (ici la journée d’école commence à 7h00 et finit à 13h00, mais une nouvelle réforme risque de les rapprocher du système Français), ensuite ils ont souvent un menu copieux de devoirs à faire et également aider la famille pour s’occuper des animaux. En plus de cela, ils doivent nettoyer leurs uniformes de collège.

Ensuite je nomme la religion, tout évènement lié à l’église est toujours un rassemblement important des personnes de la Communauté voire des Communauté alentours qui n’ont pas une si grande Eglise. Il y a donc le dimanche matin et soir la messe, mais il faut ajouter à cela, les cours de Catéchisme donnés aux jeunes pendant la semaine.

Après cela viennent les loisirs avec le sport. Mais dans cette catégorie, les sports viennent dans cet ordre : tout d’abord le Football, ensuite l’Ecuavolley et enfin l’athlétisme mais plus pratiqué comme footing du dimanche que comme pratique régulière. Les dimanches après-midi sont donc destinés aux sports avec Football et Ecuavolley.

Tout cela pour dire que mon arrivée dans la Communauté n’a pas été vécue comme une évidence. Et qu’ils ont beaucoup de mal à pouvoir être réguliers sur les entraînements, pour ceux qui viennent… Après avoir sondés les habitants de la Communauté sur les créneaux plus appropriés à leur venue, je me rends compte que finalement il leur manque beaucoup de temps et que la ponctualité n’est réellement pas leur souci premier. Ce qui rend la tâche très difficile pour se donner des RDV en nombre.

Comme vous pourrez le comprendre après 3 mois dans la Communauté, ma mission n’a pas tellement avancée concrètement, mais je commence à mieux comprendre le fonctionnement de celle-ci. Il me semble donc que la Communauté Chimborazo a un gros souci d’organisation, et que l’aide qui leur est nécessaire va bien au-delà d’un soutien sur le plan sportif.

La fin de l’année approche et comme tous les ans dans les Communautés, arrive l’élection des nouveaux Cabildos (responsable de la Communauté) au nombre de 7 dont un président. Le président Don Victor sera donc très certainement remplacé par un autre dont on ne connait pas encore le nom. De cette personne dépend de beaucoup l’évolution de la Communauté…

Comme nous parlons de fin d’année, je souhaite à toutes et tous de bonnes fêtes de fin d’année depuis l’Equateur et pour moi la première nouvelle année passée dans un autre pays !!!

L’association Equateur France Athlétisme, grâce à la course a pied, a créé des liens déjà depuis quelques années avec la communauté du Chimborazo, une communauté indigène qui est installée à environ 20 km de Riobamba, la ville jumelle de St-Amand-Montrond.

Equateur France Athlétisme et sa présidente, Graciela Préault, a toujours pensé que la course à pied était un bon vecteur de promotion sociale. Les membres du conseil d’administration d’Equateur France athlétisme, en 2009, ont décidé de créer dans la Communauté du Chimborazo, une école de course à pied, en accord avec les indigènes. Pour ce faire, Matthieu Masse, Breton d’origine, a été embauché en temps que bénévole par l’association Equateur France Athlétisme, le Premier septembre 2010 avec pour mission de :

*Organiser le fonctionnement d’une école de course à pied, pour des élèves de 6 à 18 ans

*Assurer les entraînements des jeunes athlètes

*Accompagner les athlètes dans les compétitions

*Former 1 à 2 entraîneurs

*Préparer l’organisation de la Carrera del Chimborazo

Si cette mission n’a pas été complètement accomplie, durant ses 7 mois de présence en Equateur, Mattieu à son retour nous dit : « il me semble que quelque chose est en train de commencer et qu’il y a eu une certaine prise de conscience. Mon ami Francisco d’Ambato, qui devrait être licencié en sport, sera certainement un élément fort dans la suite du projet porté par l’association »

En effet, depuis le passage de Matthieu, 6 jeunes de la communauté fréquentent régulièrement les entrainements de Francisco Roldan à Ambato. 10 jeunes ont participé à la Carrera del Chimborazo 2011. La 10 édition a pu se réaliser sur un circuit tracé sur les terres de la communauté, avec un départ et une arrivée au Collège Chimborazo. De plus, en dehors de sa mission principale, Matthieu a relevé d’autres besoins de la communauté :

• Besoin de formation pour fabriquer du fromage

• Besoin de formation pour faire du pain

• Besoin de formation pour faire la cuisine

• Soutenir les élèves dans leur scolarité

• Apprendre à gérer un centre d’hébergement

La course à pied, pour les responsables de la communauté, est un bon moyen de garder les jeunes à la campagne, car, comme ailleurs, à 18 ou 20 ans, les indigènes quittent le foyer familial en espérant trouver à la ville de meilleures conditions de vie.

Le passage de Mattieu est une étape pour l’association Equateur France Athlétisme. Pour notre jeune Breton, ce fut une expérience très forte :

“ l’Equateur reste pour moi quoi qu’il arrive ma terre d’adoption et les liens que j’ai pu créer, avec les différentes personnes rencontrées, sont marqués à jamais. Aussi, je tiens à remercier Piedad et Miguel de Riobamba, la famille Orozco de Riobamba, Francisco, Marlene, Carolina, Paola, Pamela, Santiago, Cristian, la petite Angela et le meilleur pour la fin, mon filleul Antony David. Les Français de Calpi : Thomas, Charlotte, Etienne et le padre Pierrick, les coureurs sans frontières, grâce à Philippe, toutes les personnes de la communauté de Chimborazo, avec une pensée particulière pour Acencio, qui aura été mon plus grand soutien. Un grand merci à Pascal et surtout Graciela pour son fort soutien pendant mon séjour en Equateur, les nombreux coups de téléphone pour tenter de régler les problèmes à distance “